Une expat, ça n'est pas simple...Mais le Brésil, c'est particulièrement compliqué !

Nous voilà embarqués dans un tunnel administratif sympathique. 

Première étape : la demande de VISA. Fort heureusement, nous sommes très accompagnés. En l'occurrence par le cabinet EY. Au préalable, quelques copies de documents à soumettre au préalable (papiers d'identité, copies de diplômes...) Rien de bien méchant à priori.

Et nous sommes aussi accompagnés par Santa Fé sur toute la partie logistique. Nous n'emmènerons pas notre mobilier sur place. Un double déménagement donc : une partie qui partira en container (16m2 max) et qui mettra 4-6 semaines pour faire la traversée à compter du moment où le visa est délivré (sans compter une possible rétention en douane au bon vouloir des autorités locales) ; et une partie qui ira en garde meuble jusqu'à notre retour. 

Le tout mis en carton par la compagnie de déménagement (nécessaire pour l'assurance).

Nous aurons des possibilités de logement temporaires en France avant notre départ puis à l'arrivée au Brésil (mais comme nous avons déjà trouvé la maison, nous n'en aurons à priori pas besoin). Idem pour la voiture de location (une en France avant notre départ et une à l'arrivée de Mathieu.

Il est convenu que Mathieu fera un premier voyage en déplacement professionnel de mi mai à mi juin. Son arrivée officielle et sa prise de poste se fera une fois le visa délivré et le passeport récupéré (quand = la grande inconnue). Les filles et moi-même resterons à Troyes jusqu'aux vacances scolaires (6 juillet) puis départ pour l'Alsace pour passer quelques jours avec les parents de Mathieu et rendre visite à la famille de son côté. Cap pour l'Auvergne Rhône Alpes (Clermont-Ferrand / Lyon / Roanne) pour dire au revoir à mon côté de la famille, et enfin dernier bain de soleil dans notre chère maison des cailloux à Vic la Gardiole avant le grand départ. 

Mathieu a la ferme intention de revenir pour m'aider à gérer le trajet Paris / Rio. Naïvement, je me dis que je dois pouvoir gérer un vol de 11 heures avec des valises (entre 4 et 6), 2 enfants de 6 et 8 ans et un chien.

Ah oui je ne vous avais pas dit...Taki, notre finois de Laponie de presque 2 ans nous suit dans notre périple bien sur !

Bon quand on en sera là...

Me voilà rassurée...au sujet des serpents !

Bon je dois bien vous avouer...lorsque j'ai été au Zoo de Beauval avec la petite famille et que j'ai vu les animaux en provenance du Brésil, je n'en menais pas large ! 

Moi qui n'aime pas les serpents (et autres animaux à priori peu sympathiques) j'ai pu voir de beaux spécimens. J'avoue que moi qui avait vendu 'le poumon de la planète' aux filles, je ne suis plus trop sure de vouloir aller faire un tour en Amazonie...

Avec Mathieu, nous avons eu l'occasion d'échanger avec quelques brésiliens ou (ex) expats brésiliens et voilà ce que j'en retiens à date : 

- les brésiliens sont très accueillants et nous serons sans doute conviés à des barbecues très souvent (note importante : ne pas arriver à l'heure indiquée ! nos hôtes ne seront alors sans doute pas du tout prêts !)

- très rapidement : acheter des havaianas : symbole d'intégration dans le pays ! 

- la négociation est de mise, surtout dans les magasins où le paiement par crédit est encouragé.

- il est très facile de trouver du personnel pour aider à la maison (entretien des extérieurs, ménage etc...). Il est cependant bien de trouver une personne par connaissance.

- Les meilleures périodes pour venir nous rendre visite sont : mai / juin / septembre pour éviter l'hiver et les prix estivaux français en juillet / août et la chaleur de plein été en novembre / décembre.

- Au Brésil, les distances sont démultipliées ! 

- Le plat traditionnel QUOTIDIEN est du riz avec des haricots rouges et de la viande (bœuf ou poulet). Les légumes et fruits y sont extras (ananas comme nous n'en connaissons pas en France, idem pour les bananes dont nous allons découvrir de nombreuses sortes) ainsi que le bœuf. Par contre, pour le chocolat ou le fromage, il faudra attendre les visites en France ! (on ne l'a pas dit à Anaïs qui souffle traditionnellement ses bougies sur un Saint Nectaire entier)

- Le voltage n'est pas le même là bas et varie selon les états : incidence sur l'électroménager, bien plus cher cependant sur place. Par ailleurs, très peu de Brésiliens ont un lave-vaisselle, très couteux et considéré comme un luxe. Et tout se lave à l'eau froide.

Moi je dis que tant que les personnes sont souriantes et accueillantes, le reste se gèrera !

Home Sweet home

28/2/204

Excellente nouvelle : nous avons déjà trouvé un chez nous !!! 

Andrea, l'épouse de Grant (employé Michelin expatrié à Resende) m'a fait visité sa maison en vidéo pour me donner une idée de la vie là bas. Et en discutant elle me dit qu'ils partent et libèrent la maison. Une maison dans un condo (comprenez une résidence sécurisée qui dans ce cas comprend une quinzaine de maisons) avec 3 belles chambres, une piscine, un sauna et qui est surtout à 10 minutes du travail de Mathieu et un peu moins de l'école des filles. 

Grant a été au top et a négocié dur avec tout le monde. Le propriétaire prend à son compte un mois, l'entreprise paiera 2 mois et nous 1 afin de 'combler' la période entre le départ de Grant et Andrea et notre arrivée.

Trop trop heureuse !!!! Savoir que nous avons un point de chute me rassure follement et je nous y vois déjà ! 

Et à défaut d'avoir du Saint Nectaire...Anaïs aura une piscine ! 

L'annonce aux familles & amis

Je parlais du projet du Brésil avec Pamela, une de mes meilleures amies (#garderapprochée). Elle me disait : "Il faut trop que vous y alliez, ça sera génial !" Et moi de lui dire : "Tu partirais - toi ?" Et ma Pamelita de me répondre : "Ah non je ne pourrais jamais quitter ma mère !"

Cet échange m'a fait prendre conscience de la rareté de ce que nous nous apprêtons à vivre. Parce que ça n'est pas tout le monde à qui on propose ce genre d'expérience. Et parce que tout le monde n'est pas prêt à le faire. D'où l'idée de ce blog. Pour partager avec vous ce projet fou. 

La décision prise en famille, il nous restait à en parler à nos amis et famille.

Chers ami(e)s - famille de cœur - merci de tous/toutes m'avoir exprimé votre soutien et vos encouragements. Cela m'a fait comprendre qu'il fallait avant tout avoir confiance en la force de nos amitiés. Et que le partage - maitre mot de nos liens - prévaudrait une fois encore. Vos encouragements, vos mots m'ont donné des ailes. 

Brice, Papa, Edwige (Belle Moman), Maman, Patrick (Beau papa), Catherine, Jean-Philippe... : Votre soutien a été un cadeau précieux ! Tous prêts à nous suivre, pourquoi pas venir nous voir, comprendre que l'amour n'est pas de retenir mais parfois de savoir laisser partir. Je n'ai pas de mots pour vous dire à quel point vos réactions m'ont touché en plein cœur !

Et puis il y a eu des personnes pour qui l'annonce fut plus rude. Parce qu'on avait pas envisagé les 3 prochaines années à distance. Parce que l'inconnu fait peur. Parce que notre choix a pu ouvrir la brèche de votre propre insécurité, de vos peurs, déstabiliser votre équilibre. 

Je comprends. J'accueille. J'essaierai d'accompagner, d'écouter, de rassurer. Et je serai là comme je l'ai toujours été. Juste autrement. Et je vous aime. Tout simplement.

Partir à l'autre bout du monde est un choix cornélien. Mais je ne renonce pas à vous en voulant donner une ouverture au monde incroyable à mes filles. J'ai envie de croire qu'on peut y arriver. Que nous sommes capables de nous réinventer, de nous adapter et de partager. Toujours et au delà de la distance. Alors je fais le choix de nous faire confiance.  

Le mois de Mathieu au Brésil

De mi-mai à mi-juin, Mathieu a été s'immerger à Resende. 

Retours positifs puisqu'il nous rassure (non pas que nous étions inquiètes) sur la maison ("encore mieux que ce que l'on pouvait imaginer : on y sera trop bien !"), l'école ("dans laquelle les enfants sont pied nus ou en chaussette", et la surprise : être reçu par la responsable marketing de l'école "si inhabituel pour nous français"). Et premiers contacts positifs avec l'équipe 'dynamique et motivée'.

Le déménagement : 3 jours de cartons à n'en plus finir !

Notre mission : Déménager 160m2 en 3 jours avec l'aide incroyable d'une équipe de déménageurs professionnels (2 sur 2 jours et 5 sur la dernière journée).

Alors on a commencé par trier. Se demander :

  • ce qu'on garde et qu'on retrouvera dans 3 ans (dur dur pour les filles)
  • ce qu'on donne, ce qu'on emmène avec nous pour les semaines à venir
  • ce qu'on fait voyager en bateau (4-6 semaines si le container n'est pas bloqué en douane)
  • ce qu'on peut VS ne peut pas emmener (Nourriture, alcool, produits inflammables etc...)
  • ce qui est compatible avec le voltage brésilien (110V)

Résultat : 150 cartons à destination du garde meuble + 50 cartons à destination du Brésil (par container). 

Bravo et un IMMENSE merci à Sylvain et Jonathan, de Santa Fé qui ont bossé d'arrache pied pour tout mettre en carton ! 

 

Quitter Troyes

2 ans passés à Troyes, ça n'est pas rien ! 

Alors j'ai fait une vidéo pour remercier mon réseau Troyen parce que j'ai fait ici des rencontres au top ! Pour la visionner, c'est par ICI

Et voici venu le temps des au revoir. Légèrement attachée aux lieux et aux personnes, un vrai déchirement pour moi. 

Mais Troyes aura été une parenthèse incroyablement formatrice pour Mathieu, pour les filles et pour moi. 

#troyenCtropbien 

 

Petit check émotionnel des filles

Les filles vont bien. Il y a eu des petits moments d'appréhension ('je ne veux pas aller à l'école pieds nus' / 'Je ne veux pas que les animaux me fassent caca sur les pieds' / 'Je ne veux pas laisser Alice et Ilan' : Anaïs qui a pris conscience que nous quittions ce qu'elle connaissait pour l'inconnu total.

'Tu sais, ce que tu vis n'est pas facile Anaïs. Tu quittes tes amis, ta maison, ton école, tes repères, tu as dû trier tes jouets et pour l'instant tu ne sais pas ce qui t'attend. C'est tout à fait normal de ressentir de la tristesse.'

Petit check émotionnel suite au départ de Saint-Julien (où j'ai fini en larmes en voyant Flavie en larmes et Héloïse s'y est mis peu après nous. Bref, un déluge de larmes s'est abattu dans l'Aube dans la matinée du 6 juillet :

'- Ca va les filles ? Vous vous sentez comment ?

- 'Maman, je crois que je n'aime pas dire au revoir, ça me rend triste' - Alessia. 

Je réalise qu'elles commencent déjà à apprendre beaucoup de cette expérience avant même d'être parties. Je mesure les efforts que ce changement leur demande. [Heureusement] Les moments tristes ne leur ont jamais fait douter du projet Brésil. Elles apprennent à accueillir tristesse et joie simultanément. Je suis sacrément fière de mes 2 filles. 

Le visa : le graal ! 

Depuis le tout début, l'équipe de Santa Fé qui nous accompagne nous l'a dit : 'Le visa, c'est le graal, ce qui donne accès à tout le reste. 

Alors on ne va pas vous mentir : demander le visa de travail (visa de 'dependants' pour les filles et moi' n'a pas été simple. On a rouvert les classeurs, sorti les documents officiels (actes de naissance etc...), fait des selfies de chacun(e) avec les passeports en main, fait des photos en photomatons etc...

Et début juillet, nos demandes étaient pré-approuvées et nous étions enfin en mesure de prendre RV au Consulat du Brésil à Paris ! Il nous était demandé d'y aller tous les deux (Mathieu et moi) et nous avons pris le train de Clermont le 14 juillet au soir (si j'avais un peu d'anticipation, j'aurai prévu d'assister au feu d'artifice à la Tour Eiffel et l'arrivée de la flamme olympique, mais voilà...c'est moi et on a tout raté).

Nous voilà donc à 10h devant le Consulat. Et moi d'entrer tout sourire avec un 'Bom Dia' !

Bon clairement le monsieur de l'accueil n'avait pas envie de sourire et nous avons patienté en silence (relatif) à une demi-heure. Nous étions ensuite reçus par une dame au sourire somme toute relatif lui-aussi. A la vue de nos 4 dossiers de visa, elle a demandé à ce que l'un de nous attende en salle d'attente. Bon l'utilité de venir à 2 était discutable finalement.

Je dois préciser ici que nous espérions avoir de la visibilité sur la date de réception de nos passeports pour organiser un éventuel départ de Mathieu avant le nôtre, ce qui lui permettrait de réceptionner la maison avant notre arrivée. 

Et je vois Mathieu sortir victorieux : 'C'est tout bon ! Et on peut récupérer les passeports lundi prochain entre 12h et 14h ! Bon on a failli ne pas avoir les visas parce que ma photo d'identité du passeport et celle de la photo du photomaton étaient quasi identiques ! Elle m'a même dit que je faisais plus jeune aujourd'hui !'

Et le voilà qui commence à prendre le melon ! 

Bref, Nous aurons nos passeports et nos visas lundi 22 juillet ! Mathieu va regarder pour partir le 23. 

Ca devient tout d'un coup très concret ! 

Le temps des au revoir

Le 6 juillet, nous quittons Troyes (non sans y laisser quelques larmes) pour arriver en Alsace et passer quelques jours avec les parents de Mathieu, puis départ pour Clermont-Ferrand le 10 juillet.

L'escale en Auvergne me donne l'occasion de passer faire un petit point avec notre médecin généraliste (qui ne nous a pas vu depuis 2 ans), de rendre visite au dentiste, de changer mes lunettes.

Grand repas avec les copains à la Madeleine, comme on les aime. Le tintement des verres lorsque je trinque avec Pamela, Edwige, Charline, Anourak, Auré et Mathieu retentit jusque dans mon cœur. Tout autant que de voir les enfants avoir autant de plaisir à se retrouver que les grands. Qu'elle est belle notre tribu !

Alors lorsque vient le moment de partir pour Roanne - le 17 juillet - je ne fais pas de grands discours ou démonstrations (je suis bien trop émotive pour y arriver sans noyer la planète). Mais je savoure les moments passés ensemble, un petit nœud à la gorge à l'idée du départ qui arrive vite vite.

Nous laissons Mathieu qui nous rejoindra vendredi.

Nous voilà attendues les bras ouverts à Roanne, chez Papou (mon père) et Mamoune, qui nous ont fait de la place dans l'armoire de notre chambre pour que nous nous sentions à l'aise pendant notre séjour chez eux. 

Coup de fil à Stéphanie, Véro, maman pour s'organiser et se voir. 

Allez je ferme le PC et vais profiter de la vie roannaise !

Choisir...C'est renoncer

Partir en expatriation, c'est renoncer à une relation de proximité avec ses proches. 

Mathieu et moi avons créé un cocon, nous avons construit notre famille. Avec nos familles respectives bien sur, mais aussi les ami(e)s de l'un, de l'autre, et celles et ceux qui sont venus agrandir la famille de cœur au fil des années et des rencontres. 

Nous éloigner des nôtres est la partie difficile de l'expérience.

Récemment, Alessia m'a demandé si je pouvais avoir un pouvoir magique, qu'est-ce que ça serait. La réponse était évidente : le pouvoir de téléportation ! Imaginez : déposer les filles à leur école, puis hop ! retrouver Flavie pour un thé, faire une bise à mes parents, un clin d'œil à mon frère et ma sœur, ou un déj avec Edwige, Pamela et Charline ! ...

Force est de constater qu'il va falloir se projeter autrement. Heureusement nous sommes en 2024 et les moyens de rester en contact ne manquent pas.

J'écris ce blog pour partager cette aventure avec vous. Les bons moments, les moins bons. Voici un extrait de l'envers du décor.

La vie nous joue parfois des tours. Quelques semaines après avoir annoncé notre départ à venir, un cancer du sein agressif était diagnostiqué à une de mes proches. 

Alors aujourd'hui, à quelques jours du grand départ, je passe la journée au Centre Jean Perrin de Clermont-Ferrand, à l'accompagner dans la première séance de son 2ème protocole de chimiothérapie.

Une plongée dans un monde qui m'est bien étranger. 

Et la conscience plus que jamais que notre choix de départ est aussi source de compromis pour nous mais aussi pour nos proches.

Je partirai donc avec tout l'espoir renforcé que nos proches se portent bien pendant ces 3 prochaines années.

Tout en ayant la conviction que chacun(e) de nous est sur son chemin, et que mon soutien ne sera pas remis en question par les kilomètres qui nous sépareront.